Costa Concordia : la compagnie a-t-elle couvert le commandant ?
Les enquêteurs veulent savoir si la compagnie Costa n'a pas retardé l'évacuation des passagers afin d'éviter une enquête.
La magistrature de Grosseto tente de faire la lumière sur l'attitude de la hiérarchie de la société Costa durant le naufrage du Concordia. Les officiers présents dans la salle de commande du navire ont révélé qu'entre le moment de l'impact contre les rochers de l'îlot des Scole et l'ordre d'évacuation, le commandant Schettino a eu au moins trois conversations téléphoniques avec Roberto Ferrarini, le "marine operator director" de la compagnie, l'homme responsable de l'unité de crise de toute la flotte Costa. Or 68 minutes se sont écoulées entre l'avarie et le lancement du Mayday, puis le début de l'évacuation.
Durant ce laps de temps, le Concordia s'est échoué devant le port du Giglio puis lentement couché de 90 degrés sur son flanc droit. Tous les experts sont unanimes pour affirmer que si l'évacuation avait commencé plus tôt, alors que le navire était encore droit, les passagers auraient gagné sans difficulté les chaloupes de sauvetage. Les enquêteurs ont également la certitude que le commandant Schettino a su très tôt la gravité de l'accident, car un des officiers de bord l'avait immédiatement informé de la présence de voies d'eau très importantes dans les cinq compartiments de la salle des moteurs.
Le coût d'un SOS
Pourquoi, dans ces conditions, le commandant et l'état-major de Costa, qui étaient en contact, ont-ils attendu aussi longtemps pour faire évacuer le navire ? Pour les enquêteurs, deux hypothèses : soit le commandant a caché sa hiérarchie la gravité de l'avarie. Soit la compagnie Costa n'ignorait rien de la situation, mais a espéré éviter de lancer un SOS. En effet, les compagnies maritimes rechignent toujours demander du secours, car elles savent que cela déclenche automatiquement une enquête et un ensemble de contrôles sur (...)